Poème en vers...

loux2612 Messages postés 4 Date d'inscription vendredi 3 mai 2013 Statut Membre Dernière intervention 18 mai 2013 - 18 mai 2013 à 13:32
Mouthon Messages postés 524 Date d'inscription mardi 16 octobre 2012 Statut Membre Dernière intervention 13 juin 2014 - 18 mai 2013 à 15:19
Je voudrais savoir si vous aimiez un des poèmes que je écris... Le voici:

Les pieds dans le sable, assise sur un rocher
Me voilà contemplant les vagues s'écraser,
Embrasser le sable, puis reculer
Le même mouvement pour l'éternité.

Me voilà regardant l'infini océan
Abritant la vie et multiples habitants
Telle est notre planète qui tourne sans cesse
Nous entraînant de même sans nulle paresse.

Nous suivons, semblables à ces hôtes maritimes
Les mouvements, nous emportant dans les abîme.
Telle cette falaise sciée par le temps
Nous sommes brisés, usés par tous ces courants.

Mais durant ce chemin nous faisons bien des choses
Passant par des sentiers sinueux où nul n'ose
Passant par des fleuves tranquilles et apaisés
Passant par des montagnes, des pics, des vallées
Cherchant au sol un trésor, la tête par terre
Regardant la voûte étoilée, la tête en l'air.

Au beau milieu du vide nous sommes sur Terre,
Nous sommes infime poussière de l'Univers.

Et nous posons un pied, puis l'autre, nous avançons
Pour atteindre le bout de la route, nous marchons.

Et ainsi arrive le terme, la fin, enfin,
Ce soulagement que nous attendions en vain.
Les pieds dans le sable, assise sur un rocher
Me voilà contemplant les vagues s'écraser.
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1 réponse

Mouthon Messages postés 524 Date d'inscription mardi 16 octobre 2012 Statut Membre Dernière intervention 13 juin 2014 143
18 mai 2013 à 15:19
Bonjour.

Tout d'abord je tiens à t'encourager, car je sais que ça demande de l'engagement et de la passion. Si ma critique te semble négative, sache que je tente de le faire de manière constructive, et qu'il faut vraiment la voir comme un encouragement et non comme une sanction.

La contemplation et la méditation sont des thèmes récurrents en poésie, mais extrêmement parlants, car ils ouvrent au lecteur de grandes possibilités de reflexion et de communication avec le texte. Je pense que c'est surtout sur ce genre de considérations qu'il faut se focaliser quand il te prend l'envie de faire passer des idées par l'écriture.
Ce n'est que mon avis, mais je trouve que tes images, aussi belles qu'elles soient, se connectent bien trop facilement. Provoquer une réflexion vient de la tension que tu arrives à créer entre curiosité et opacité. Des idées trop faciles à connecter risquent de lasser le lecteur, et de lui faire lâcher sa réflexion avant d'avoir percé le coeur du poème.

Plus concrètement:
Ta première strophe ouvre à la méditation, la tienne, et celle que tu cherches à provoquer. Il y a un contexte vaguement topologique, une posture, un regard; c'est bien car c'est bien écrit, et on prend plaisir à la lire, mais tu imposes un point de vue, et si la précision doit venir d'ici, il faut peut être la mesurer un peu plus par la suite. Ces données ne sont pas sensibles car elles appartiennent à la raison, donc elles ne risquent pas de grignoter la puissance poétique de la suite. Cependant, en apportant de telles précisions il deviendrait peut-être nécessaire de différencier ce qui est du domaine du tangible de celui de l'esprit. Tu le fais bien dans la strophe suivante, mais dans le reste du poème c'ets parfois un peu plus incertain.

La seconde strophe me semble intéressante car elle ouvre à un invisible, à l'imagination. Tu commences à pénétrer réellement dans l'image, il me semble dommage que tu arrives si vite à une considération aussi générale que la terre qui tourne. Ce genre de métaphore touche aux forces qui régissent l'univers, et à l'impuissance de l'homme, un thème extrêmement fort et riche, mais l'image employée est à mon goût assez faible, et sa place dans le poème précipite peut-être trop ta réflexion, et lui tronque beaucoup de sa profondeur. Il ne faut pas changer l'idée, qui est louable, mais la formulation est, je pense, peut-être un peu maladroite.

Je trouve la troisième strophe très bien. Ta vision des choses est parlante, et ton écriture agréable. Je pourrais te conseiller à ce sujet de lire le poème de Ossip Mendelstam, nommé "le siècle". Le style et la portée sont totalement différents, mais tu pourrais y trouver une belle manière d'aborder ce genre d'images. (Et parfois les idées germent de ce qui est le plus éloigné de son travail).

La quatrième ne me plait pas vraiment, désolé si je suis un peu dur, je trouve que tu régresses dans ta gestion des images, tout est à nouveau trop clair et ne fait pas assez avancer la méditation. De plus, l'anaphore ne me semble pas un bon choix, elle alourdit considérablement le rythme, et les vers qui en découlent manquent de fluidité. L'idée de parler d'un chemin est loin d'être ridicule, c'est une image à la fois facile à appréhender, et riche de sens, mais dans ce contexte la métaphore de la marche ou de la navigation est peut-être un peu faible, on a déjà compris que ton poème prend part à une déambulation; dans un cheminement par l'esprit, le retour à une notion terre à terre fait à mon goût beaucoup perdre à la poétique de tes images, et du coup à notre envie de méditer.

Les deux vers suivant sont pour moi une répétition de ce que tu dis en strophe 2, en parlant de la rotation terrestre. Tu as déjà abordé les questionnements de ce qui pourrait s'appeler une vanité scientifique. Quitte à s'appuyer sur des connaissances empiriques, autant pousser la réflexion à leur propos à un point plus proche de notre limite. Le problème dans ces strophe n'est pas la beauté de l'image, mais le fait qu'elle ai été bien trop éprouvée pour encore avoir une réelle signification poétique dans un imaginaire collectif.

Les vers d'après, quitte à me contredire un petit peu, tombent à point nommé. Ce que je qualifiais de trop Terre à Terre précédemment me semble ici bien plus pertinent. On sent arriver la fin du texte et ces deux vers signifient pour moi autant ta volonté de fermer la boucle que d'inviter le lecteur à ne pas arrêter sa réflexion en même temps que sa lecture. C'est intelligent dans la structure, mais je me demande si ce n'est pas encore un peu trop clair (après, même si je me répète beaucoup à propos de clarté, ce n'est que mon goût, et libre à toi d'ignorer ces commentaires si jamais ça ne convient pas à la portée que tu donnes à tes écrits).

Pour finir, tu nous mets un dernier vers parfait, tant au rythme qu'aux sonorités. La boucle est bouclée, et la fin de notre lecture ne laisse aucun goût amer. Je ne saurais pas trop quoi dire d'autre, je trouve que cette fin participe bien à l'ambiance du poème et nous permet de poser les pieds sur terre de manière agréable.

Voila, pour les commentaires constructifs ! Je garde le meilleur pour la fin ;)

Pour ce qui est de mon ressenti maintenant: Je trouve que tu écris très bien, il y a un rythme agréable et ton style participe parfaitement à la création de tes images et au passage de tes idées (à l'exception des anaphores peut-être). Ton poème ouvre déjà grand les portes de la poésie et de l'art qui en découle.

Mais (parce qu'il ya toujours un mais dans la création :p), on m'a toujours dit que l'écriture commençait vraiment quand on se relit, qu'on se corrige, qu'on modifie ses textes. Et ce n'est qu'en retravaillant sans cesse que tu sauras au mieux marier ce que tu veux à ce que tu produit. Comme je le disais au début, je ne peux qu'encourager ce que tu fais, et tu n'as à aucun moment à rougir de ce que tu écris, mais un travail fini ne se manifestera à toi que quand ce sera le moment, il n'y a pas de science exacte pour définir si une oeuvre est achevée ou non. Si je considère qu'il y a encore du travail dans ton texte, il t'appartient toujours entièrement, et j'espère que tu sauras en faire bon usage.

Le dernier conseil que je saurais te donner c'est de continuer à partager. Ici, pourquoi pas, mais aussi sur des forums spécialisés. Le faire auprès de tes amis ou de personnes avec qui tu peux partager de vive voie reste encore la meilleure des solutions. Je suis un fervent défenseur du fait qu'une oeuvre ne vit que par son partage, et c'est à mon avis un des conseil les plus précieux que je peux te donner.

Désolé de te répondre aussi longuement, mais si je devais résumer tout cela par un seul mot, ce serait: Continue !
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