C'est arrivé le 1er janvier 2009, le vrai 911, le deuxième, le jour où les seigneurs se sont révélés à leurs fidèles.
Il nous ont expliqué qu'il fallait que le premier soit violent pour nous préparer au changement, que le changement était urgent et ont décrété le 3 janvier jour férié mondial.
Le 31 décembre à minuit on a tous entendu les systèmes d'alarme, les sirènes, les cloches des églises, les haut-parleurs des minarets et rapidement, le noir total, le silence. Ça a duré moins d'une minute, puis l'électricité est revenue et tous les téléphones se sont mis à sonner et à vibrer. On n'a pas eu besoin de décrocher « 911 RESTEZ CALME » s'était affiché.
On a tous reçu le même message:
« L'argent n'existe plus.
Les races n'existent plus.
Les religions n'existent plus.
Les gouvernements n'existent plus.
Nous sommes là pour vous montrer la voie.
Il vous est fortement conseillé de rester chez vous les 2 et 3 janvier.
!!! DANGER DE MORT !!! »
Sur toutes les chaînes de télévision, le message s'était affiché à la manière d'un flash spécial de la BBC.
La vague s'était déplacée graduellement, heure par heure, sur tous les pays pour faire le tour du globe. Elle avait mis hors service les émetteurs radios, les réseaux téléphoniques et Internet; paralysé les systèmes financiers et les rouages économiques; désorganisé les structures civiles et militaires. Beaucoup n'y ont pas cru. C'était local, temporaire. Et puis il y a eu le compte à rebours.
Sur la droite de l'écran 48 heures ont commencé à s'écouler au rythme rapide des dixièmes de seconde.
On a appris plus tard qu'à ce moment précis 60 % de la population mondiale s'était figée.
Marseille, Février 2008.
Ce soir j'ai vu un film pourri, une image dégueulasse, de la caméra au poing limite téléphone portable. Une histoire de monstre qui s'attaque à Manhattan et d'un mec qui cherche sa copine. Très mauvais pour les yeux, ça prouve bien que même les studios n'en avait plus rien à foutre. La France est un petit pays, mais quand même, le président qui part en vrille, le braquage de la Société Générale, ils auraient dû se douter. Remarque, les américains, Intel, le raccourci pour intelligence, en d'autres termes, services de renseignement, personne n'a fait le lien avec le premier fabricant mondial de microprocesseurs.
Quand je suis rentré chez moi, j'avais reçu un email d'Himod.
Lui, c'est le contact avec les pirates, ça va faire trois ans que je bosse pour eux à Marseille. Des trucs simples, pas compliqués, vérifier des adresses, faire quelques filatures, écrire des rapports d'activité et établir le contact. Depuis 2005, j'avais maintenant sous mon contrôle une soixantaine de comptes Paypal et autant de comptes Ebay. Par l'intermédiaire d'enchères sur des produits bidons vendus et rachetés par ma petite communauté, je pouvais justifier la provenance des virements sur mes différents comptes. Le système m'avait été livré clés en main par Himod, entièrement automatisé, il me permettait d'encaisser les honoraires payés par mes clients.
Himod voulait que j'identifie un joueur de Counter Strike qu'ils avaient repéré dans une salle de jeux dans la rue Fiole, derrière la place Castellane. La procédure était habituelle; il m'avait transmis les logs de ses cessions. La cible avait pour habitude de fréquenter la salle le mercredi et le samedi après-midi.
La salle avait changé depuis la dernière fois, plus vaste, plus propre, relativement silencieuse pour une période sans école.
J'ignorai le grand type derrière le comptoir, pour faire un tour des écrans et trouver le jeux qui m'intéressait. Six joueurs. Trois éliminés d'office pour leur apparent manque de maîtrise. Une chose était sûre, je cherchais un bon joueur sinon aucun intérêt de le faire participer à la présélection pour la grande finale du 31 décembre 2008.
Le gars en costard cravate dégageait lui aussi. Ce que j'avais pris pour un casque-micro n'était en fait que les écouteurs de son Ipod. Himod recherchait des leaders d'équipe, des joueurs capables d'influencer les autres, de jauger rapidement leurs capacités et de les mener à la victoire. Le profil du commercial qui entre deux rendez-vous devient un shooter incontrôlable défoncé à la musique techno n'a aucun intérêt non plus.
Il me restait deux minos et ça m'emmerdait. On devait avoir plus de 16 ans pour jouer à ce jeu. J'allais devoir expliquer à des parents que le cher et tendre s'était démarqué par ses capacités à remplir avec brio des missions militaires ultra violentes. Généralement c'est relativement simple. On parle de jeux vidéo en arborant un sourire enfantin et on embraye en parlant avec les mains de tournois, de champions d'envergure internationale. En cinq minutes ils imaginent la tête blonde en Tiger Woods du Mario Kart, vous signent la décharge, vous raccompagnent à la porte et vous demandent s'il a vraiment ses chances.
Un simple SMS envoyé à Himod et l'écran du gamin se serait mis à clignoter comme une guirlande de Noël. C'était inutile, c'était le plus jeune des deux, un survêtement aux couleurs de l'OM surmonté d'une casquette blanche, le tout complètement tordu et recroquevillé sur une chaise en plastique bleu. La main gauche sur le joystick et la main droite sur le clavier dansaient sur des rythmes différents avec la précision d'un pilote de chasse. Je me déplaçai sur sa droite pour regarder ses lèvres, il parlait continuellement sans énervement. Ses petits yeux noirs étaient calmes, presque sans mouvement. Sur son écran, tout le contraire. Des points de vue différents se déchaînaient. Gros plan, vue à la troisième personne, rotation, mire d'arme automatique, translation. Je connaissais un peu le jeu, mais là j'étais paumé. Rien de stable; les mouvements du personnage, les angles de cameras et les séquences de tirs se mélangeaient de façon désordonnée sur un scénario incompréhensible. WINNER, écrit en rouge, ponctuait ce film décousu aux ciseaux électrique de quelques secondes de répit.
Je comprenais pourquoi c'était un 4x4 de 2006, et non pas la Saturn habituelle qu'un de mes annonceurs virtuel d'Ebay allait vendre dès que j aurais transmis l'identité du môme aux pirates. Il leur fallait ce joueur, et ils étaient prêts à en payer le prix.
Tu fais quoi là, t'es un pédophile?
Non, je fais du scouting.
Les scouts c'est des pédophiles.
Je suis pas scout, je suis pas pédophile. Mon métier c'est de trouver des gars comme toi qui sont bons à CS pour les faire participer au championnat du monde. T'as compris?
Le gamin acquiesçait de la tête en gardant son air dur.
Comment tu t'appelles?
César.
OK César, tu prends ma carte, tu la donnes à ton père et tu lui demandes de m'appeler.
Je lui tendais la carte appropriée, « Vincent Lambert, membre du comité des jeux chez Gator World Gaming ». Il l'a prise et disparut dans la station de métro. Il n'y avait plus qu'à espérer que la carte n'allait pas finir en filtres et que les parents en aient quelque chose à foutre.
République du Kiribati, Ile Caroline le 25 Avril 2008 00h00
« Nous vous informons que l'intégralité des fonctions de SACI1 ont étés transférées sur AMC14.
SACI1 est officiellement déclassé, il reste accessible aux priorités 1 et 2 sous l'identité OMBRE3, pour les protocoles de communication SatCOM et S-COM jusqu'à j-15.
Pour l'utilisation du protocole S-COM sur nos satellites de classe II, nous vous rappelons que vous devez recompiler votre programme de communication avec le patch Sat23.05.02.bin disponible sous ETC/PACH/SAT/CLASSII/.
Les proxys sud coréen et nord coréen seront inaccessibles entre GMT 6:00 et GMT 6:30 pour l'allocation de nouvelles adresses IP. Durant cet interruption utilisez le serveur INDIA5 pour émuler la Corée du sud et le serveur INDIA6 pour la Corée du nord. »
Le message de Caroline m'avait ravi. Le satellite AMC14 n'était plus américain. Il était à nous et opérationnel. L'information était passée inaperçue, en dehors de la presse financière.
Après le 11 septembre, les budgets pour la sécurité militaire et privée ont explosé. Nous répondions simplement au marché que nous venions de créer. Nos sociétés basées un peu partout proposaient des solutions aux délires technologiques des acheteurs qui n'y comprenaient rien. Comme des bonnes femmes les jours de solde, il était facile de les embringuer sur des plans de financement leur permettant d'en avoir plus pour le même prix.
On avait développé les partenariats entre civils et militaires à outrance, des deux cotés; ils voulaient que ça fonctionne, mais savoir comment les ennuyaient.
Nous contrôlions les noyaux de tous ces systèmes, nous pouvions leur parler et ils nous répondaient. Avec AMC14, on avait agi vite. De toute façon, dans 8 mois c'était fini et ça commençait. Les avocats et les assurances prendraient bien plus de temps.
Que de temps perdu, que d'énergie perdue, toutes ces capacités gaspillées sur des procédures et des lois beaucoup trop complexes. Çà, ça allait changer. Beaucoup de choses allaient changer. Le monde était entré dans une ère de technologies avec une mentalité d'âge de pierre et ça commençait sérieusement à déconner.
Je refermai mon téléphone, Tchang était en face de moi.
- Salut, Frank, tu t'énerves?
- Bonne question. Toi, tu te sens comment?
- Content.
- Raconte, les transfos?
- Les nouveaux labels pour la protection de l'environnement ont fait fureur. On a gagné l'intégralité des marchés sur lesquelles ont s'est positionné. Nos sociétés de conseil sont les meilleurs et nous sommes les moins chère, c'était facile.
- Quelle est le taux de pénétration sur la cible critique?
- 27% avec une progression de 7% par mois, ont devrais être bon pour Décembre.
Je m'appelle Franck Steiner, je suis à la tête de la division Électron.
En 1980, mes travaux dans le domaine de la transmission d'information par courant porteur ont commencé en Allemagne pour le compte de la compagnie national de distribution d'électricité. La DeutchElec voulait pouvoir accéder à certaines informations sur les équipements lourd de leur réseau sans avoir à envoyer de technicien. J'ai donc mis en place un système de transmission réception basé sur des fréquences différentes de celles utilisé par le courant électrique, utilisé un mode de fonctionnement aléatoire pour minimiser la superposition des signaux et le tour était joué. En 1985, après avoir très bien négocier les droits sur mes brevets, j'ai quitté mon poste chez « D.E. » pour me consacrer à ma famille et à ma passion, l'électronique. 4 ans plus tard, ils ont pris contact avec moi. Un cabinet de chasseur de tête plus persuasif que les autres de part la nature de leur mission et leur taux de rémunération.
Aujourd'hui la majorité de nos appareilles domestique transmettes des informations sur le réseau d'alimentation électrique à l'échelle mondiale et moi je travail sur des problèmes tellement plus complexes.
A la fin des années 90 nous avons lancé la rumeur du « Bug de l'an 2000 » ce qui nous a permit de justifier des modifications apportées aux coeurs des systèmes critiques publics et privés.
Une machine n'est qu'un enchevêtrement de composants électroniques contrôlé par un ou plusieurs programmes. Les composants physiques d'une machine ne changes pas, c'est la façon dont les programmes les utilises qui change.
Imaginez que votre esprit puisse changer de corps et prendre le contrôle de ce nouveau corps, vous pourriez vous exprimer en français avec la bouche d'un Finlandais ou écrire une lettre avec la main d'un singe.
Transcription de l'interview de « L'ambassadeur » du 3 janvier 2010.
- Une société secrète en quelque sorte?
- Nous utilisons les termes de collectif ou de groupe de travail pour nous définir.
- Attaquer au moment crucial du réveillon, ça vous à donné un avantage tactique?
- Les autorités ne nous connaissaient pas, même les fidèles ne se connaissaient pas entre eux.
Nous, nous savions ou les personnages clés serraient et nous avions anticipé la majorité des plans d'urgence de rupture des communications.
- L'attentat du World Trade Center, C'était vous?
- Oui et non, nous l'avons planifié et nous l'avons vendu. Nous devions tous apprendre sur ce que vous appelez les groupes terroristes, analyser la réaction des gouvernements et des populations. Nous devions créer une chimère, un ennemi commun, obliger toute les forces en opposition à s'équiper de nos systèmes.
- Et le coup du 911 ?
- Non pas prévu, un truc médiatique, une légende urbaine. Le monde c'est mis à assimiler le numéro d'urgence nord Américain avec le 11 Septembre. Les américains écrivent les dates en commençant par le mois puis indique le jour.
Techniquement, il fallait que ce soit au passage de l'horloge interne des systèmes à une nouvelle année. On a été prêt un an plus tôt, alors ont as utilisé l'astuce sur la date 01/01/09, 911 à l'envers. L'impact psychologique du message ce devait d'être fort et les forces militaire devaient rester conditionné. Même si les arabes lisent les chiffres de la droite vers la gauche, il est communément admit qu'ils lisent de la droite vers la gauche.
Et l'argent?
Nous avons pris le contrôle des marchés et nous nous somme présenté aux gouvernements. Ca a pris 7 ans.
Le FOREX, le marché d'échange des devises, 4 trilliards de Dollars, ouvert 24H/24, 6 jours sur 7.
Le cercle de jeu des banques, contrôlé à 90% par les logarithmes de plus en plus fantaisiste des programmes de gestion de fond.
En 2001 les systèmes de gestion des banques n'avaient plus de secret pour nous, l'euro était à son point le pus bas par rapport au dollar, nous étions prêt à jouer à ce jeu sans jamais perdre. Le 11 Septembre 2001 nous à permis de créer un contexte économique extrêmement favorable à jouer avec l'argent des banques contre les banques.
Après 7 ans nous avions plus d'argent immédiatement disponible qu'un continent.
Le 11 Juillet 2008 nous avons entamé massivement la vente de devise EURO au profit du dollar pour renverser la balance commerciale et créer une crise mondiale favorable au changement.
13 mars 2012 à 22:35
25 mai 2012 à 23:48