Une étude sur l'impact du piratage

Aujourd'hui, en regardant les news, je suis tombé sur ça (source PC INpact) :
Une étude chiffre l'impact du piratage économique en France.


Cette étude, menée par Equancy&Co, affirme que le piratage aurait coûté plus d'un milliard d’euros à l’industrie du disque, du cinéma et à celle de la télévision.
Elle donne les chiffres suivants :
* « L'empreinte » économique en France de la copie illégale peut être estimée à une perte de 10 000 emplois » (directs et indirects)
* Musique : manque à gagner de 369 millions d'euros en 2007, et 1.600 emplois directs.
* Cinéma : manque à gagner de 605 millions d'euros, 2.400 emplois directs
* Télévision : manque à gagner de 234 millions d'euros, 950 emplois directs.
* Livre : manque à gagner de 147 millions d'euros, 750 emplois directs.

Elle arrive donc à pic pour justifier la loi HADOPI.
Quelle coïncidence !


Intéressons-nous de plus près à cette étude, soi-disant "indépendante".

Equancy&Co est un cabinet qui « a pour mission d’aider les grandes entreprises internationales dans leur combat permanent pour rester ou devenir leaders dans leur industrie, en tirant le meilleur parti possible de leurs investissements marketing et communication ». Les mystérieuses entreprises derrière ce rapport, s’il y en a, ne sont pas révélées... Normal, nous affirme le prestataire, « cette étude a été faite pour le compte de personne ».

Grandes entreprises internationales... absolument aucun lien avec les majors et les principales entreprises qui pourraient justifier leurs actes par cette étude, donc... et évidemment, malgré la vocation du cabinet, il n'y a aucun parti pris pour certaines entreprises, comme les majors par exemple.


Le cabinet n'a pas fait des études techniques avec ses propres moyens. Il s'est fié aux chiffres fournis par le SNEP, les majors du disque, et l’ALPA – qui lutte contre le piratage de film, mais aussi ceux de l’Arcep. Organisée en septembre dernier, cette étude n’aura pu faire autrement que d’utiliser les données diffusées par ces organismes, faute de temps.

Les chiffres utilisés lors de cette étude ont été fournis par le SNEP, les majors du disque, l'ALPA et l'ARCEP.
Intéressons-nous de plus près à ces organismes.

SNEP : Syndicat national de l'édition phonographique
Association qui défend les intérêts de l'industrie française du disque. Affilié au MEDEF et également membre de la fédération internationale de l'industrie du disque (IFPI). En 2004, il regroupe 48 membres dont les quatre majors Sony BMG, Universal, Warner et EMI. Ses membres représentent environ 80% du chiffre d'affaire de l'industrie du disque en France.

ALPA : Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle
Groupe créé en 1985 chargé de lutter contre toute forme de piratage (en premier lieu le piratage à profit) dans le domaine de l'audiovisuel, notamment dans celui du Cinéma. Financé par le Ministère de la culture et par différents majors du cinéma (principalement Gaumont).

ARCEP : Autorité de régulation des communications électroniques et des postes
C'est déjà mieux : Son rôle est de faire en sorte que la concurrence existe sur le marché des « communications électroniques », qu'elle soit loyale entre les différents acteurs économiques du marché, qu'elle soit pérenne, et qu'elle bénéficie à l'aménagement du territoire, aux consommateurs et, in fine, à l'économie générale française.
L'Arcep est une autorité administrative indépendante, comme le sont le Conseil de la concurrence, le CSA, la CRE, l'Autorité des marchés financiers, etc. À ce titre, elle fait partie de l'État, mais est indépendante du gouvernement.


Globalement, les sources qui ont fourni les chiffres ayant servi à l'étude sont donc largement affiliées à de grandes entreprises, notamment aux majors.
L'étude est loin de prouver quoi que ce soit, surtout son "indépendance".


Au moins quelques points positifs :
L'étude affirme qu'il est « indispensable de laisser davantage d'espace économique à de nouveaux modèles innovants en garantissant une rémunération des droits de propriété intellectuelle ».
Equancy nous indique d’ailleurs un autre risque, celui de voir se développer des modèles fermés, verrouillés par les acteurs (un peu comme les FAI qui se lancent dans le contenu exclusif…).



Bref, un prétexte bidon de plus pour faire passer des choses comme DADVSI, HADOPI, les DRM, etc, etc.
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Sylvain